Ils partent..... partout.... par Terre....

Le voyage d'un gars et d'une fille qui vont prendre l'air derrière la planète. Partir, pour pouvoir précipiter un rêve contre la peau du réel, le concasser pour le mélanger à la pâte du monde. Un rêve, c'est fait pour être râpé sur les jours, pour recueillir des éclats, des poussières... Arranger ces poussières et raconter des histoires. Et faire de nouveaux rêves...

03 février 2006

Drôle d'Indonésie !

De grain de riz en grain de riz, on arrive au bout de notre périple asiatique. C'était les vapeurs du riz parfumé Thaï, puis le sticky rice du Laos qu'on détache à la main et, pour finir, les rizières de Bali qui nous ont fait le grand jeu : toutes les nuances possibles de vert qu'elles déploient à la saison des pluies, peut-être pour consoler le voyageur qui dégouline ?



L'Indonésie nous avait reservé une bien cruelle déception dès le début : un classique souci de visa qui nous a tout chamboulouetch. Nous ne pouvons rester que 30 jours, impossible de prolonger. Que faire, nous qui comptions y rester environ deux mois et demi? Couper les projets en deux ? multiplier par deux la vitesse du voyage ? Sortir du pays et y revenir pour obtenir 30 jours supplémentaires ? Exploser l'espace-temps et inventer une autre dimension? Bref, rien de tout ça, mais le mois passé ici ne ressemble pas du tout à ce qu'on avait imaginé.
Fini Sulawesi, pas de Sumatra, pas plus de Florès, exit Kalimantan... Tristesse.
Mais une déception de voyageur n'est jamais qu'une déception nomade qui s'enchevêtre aux plaisirs et découvertes, qui s'emousse face aux bonnes surprises, et finira bien par fondre. Pourtant, de temps en temps, la déception de voyage, perfide, tente de s'allier avec d'autres déconvenues, comme la saison des pluies par exemple, qui, elle aussi, a mis a mal quelques projets.


Il ne pleut jamais longtemps, c'est très soudain, genre torrentiel, et ça peut revenir souvent dans une journée. Bon, ça fait un peu de fraîcheur et ça plait aux rizières, alors... Et puis, ça fait fuir les touristes... Mais du coup, ce n'est finalement pas plus mal de ne rester que 30 jours. On reviendra un de ces jours !

Donc, nous voilà arrivés à Bali, direction Ubud, où on loge dans le losmen d'une famille balinaise. Les maisons sont composées de plusieurs batiments aux façades ciselées, brique, pierre et bois sculptés, au milieu d'un jardin tropical : bassin de lotus, frangipaniers, palmiers, orchidées, couleurs, odeurs, fleurs, avec papillons et oiseaux assortis : on est scotchés.



C'est un havre de paix dans cette ville plus importante qu'on ne l'imaginait. Nyoman, qui nous accueille chez lui, nous aide à comprendre la complexité de la vie façon hindouiste.
Les maisons balinaises comportent plusieurs parties séparées dont la plus importante est le temple. Les cendres des ancêtres reposent autour du temple et sont honorées chaque jour.
L'essentiel de la vie quotidienne se passe à fabriquer puis déposer les offrandes un peu partout, dans et hors de la maison. C'est presque un plein temps !
Pour nous, c'est un spectacle permanent qui garde une bonne partie de son mystère, et c'est bien comme ça.
Et le matin, on est bien content de retrouver des offrandes sur nos vélos. Jusque là, ça nous a porté chance !
On reste 9 jours à Ubud, le temps de découvrir les environs, à pied, à vélo, à moto, et de vraiment sympathiser avec Nyoman. Puis on file vers Amed : La mer, le sable noir, la saison des pluies, le vent, les grosses vagues. On tente une baignade, mais une méduse nous fait comprendre qu'on n'est pas encore les bienvenus... La mer est trop troublée pour nous laisser voir ses beautés colorées.



On fait route depuis Ubud avec des bretons (salut Etienne et Marie !).
On est presque les seuls touristes du coin.

Direction Padang Baï sur la côte Est, en vue d'embarquer pour Lombok, l'île voisine. Quelques jours dans ce petit port, et là, quand on ne s'y attend pas la beauté vous surprend : superbes coraux avec toute la clique qui va avec : sable blanc, poissons de toutes les couleurs, de toutes les formes... On a notre petit aquarium tropical pour nous tous seuls. Quelques belles apnées ! Padang Bai nous a vraiment plu, c'est normal, les guides touristiques disent qu'il n'y a pas grand chose à y faire... Joli port de pêche avec des bateaux très originaux qui ont des flotteurs latéraux en bambou. On a fait une ballade avec un pêcheur nommé Nyoman, si si! On profite aussi de superbes spectacles dans les rues.



Le ferry nous embarque de Padang Bai pour Lombok puis les îles Gili. Certes, il pleut toujours beaucoup, mais les moments où le soleil arrive à percer sont des régals de plongée. Le mythe du petit bungalow au bord de la plage de sable blanc, a quelques mètres des récifs de coraux, devient réalité.

Il fallait bien ça pour nous remettre un peu des nombreux harcèlements en tous genres. Le tourisme a baissé énormement en Indonésie suite aux attentats et en plus, c'est la basse saison et tout le monde est un peu à cran. Parfois tous les moyens sont bons pour gratter quelques milliers de roupies. Ca peut aller du simple harcèlement aux magouilles et mensonges divers en passant par des tickets de transport plus que douteux... Ambiance qu'on avait pas sentie sur Bali... Mais Lombok n'est pas Bali. Du coup, on sabote aussi Lombok, sachant qu'au Sud et à l'Est de l'île c'est pourtant différent. Mais tanpis, on est en colère, on s'en va.

Retour enfin à Ubud pour 3 jours. Plaisir de retrouver Nyoman et sa famille (sa femme s'appelle Nyoman aussi. D'ailleurs, tout le monde s'appelle Nyoman ici.. hi hi).
Ils sont en pleine période de cérémonies.



On est embarqués dans l'aventure, habillés par les soins de nos hôtes, on est un peu gauches sûrement au milieu de tous ces gens qui brillent, vont, viennent d'un endroit à l'autre du temple.


C'est la valse des offrandes que l'on dispose dans les temples de la maison ou au temple du village. Danses, musique, prières, pendant 4 jours !




En fait, tout Bali est un temple sans fin en perpétuelles cérémonies. C'est vraiment l'impression qu'on emporte de l'hindouisme balinais, omniprésent, jusqu'à être un peu envahissant, reconnaissons. Le temps est plein, l'espace aussi, tout est très esthétique, très codifié. On a parfois eu envie de vide, de silence. On a beaucoup aimé Ganesh, le dieu éléphant avec son air bien plus drôle que les autres. Il est représenté partout, et les sculptures sont stupéfiantes. Faut dire qu'on a quelques atomes crochus avec les éléphants en particulier.



D'ailleurs, les animaux font toujours partie du voyage, on vous en glisse un petit échantillon. On
a profité pour revoir quelques copains singes une dernière fois, des hérons splendides, et puis, tiens, des chauve-souris géantes.






Et puis c'est déjà fini. On est en train de faire les sacs. L'avion pour Sydney décolle dans quelques heures. Drôle d'Indonésie, tellement de choses à ingurgiter en si peu de temps...


Nous resteront des visages (salut aussi Lionnel et Valerie, Pascal et Simona), le son du gamelan, le goût de fruits inconnus (mangis, ramboutans, salaks...) l'odeur caractéristique d'encens et de fleur. Ici, les fleurs savent bien qu'elles sont vénérées. On les expose, les apprête, on les sculpte, les assemble. Mais, quand personne ne s'en mêle, elles s'arrangent pour prendre la pose toutes seules... On en retrouve, tombées juste entre la lumière et le regard, dos au vent, sourire en coin.



Desolés, pour les poissons, on a que des images mentales à proposer, mais pas sûr que vous les voyiez. Non transmissibles au XXIe siècle. Tant mieux, tant qu'il y aura des trésors cachés, il y aura des histoires à raconter, longtemps, longtemps.... après que les poètes....



Bientôt la Grande Nature, les Grands Espaces, pas des quelqu'uns partout, plein des silences...
Point.
Final.
A la prochaine.



C'est donc un peu défaits, voire éclatés qu'on quitte l'Indonésie..... Ciao