Ils partent..... partout.... par Terre....

Le voyage d'un gars et d'une fille qui vont prendre l'air derrière la planète. Partir, pour pouvoir précipiter un rêve contre la peau du réel, le concasser pour le mélanger à la pâte du monde. Un rêve, c'est fait pour être râpé sur les jours, pour recueillir des éclats, des poussières... Arranger ces poussières et raconter des histoires. Et faire de nouveaux rêves...

31 mai 2006

Etats Unis d'Amérique (enfin, d'un petit bout d'Amérique du Nord)


Et les voilà débarqués du bus mexicain à El Paso, où ils ne firent donc que passer.

Cap au Nord, le long du Rio Grande : le Nouveau-Mexique est l'état idéal pour quitter le Mexique en douceur. Les paysages ressemblent à ceux qu'on vient de quitter. Montagnes, plaines infinies, déserts, cactus... On entend encore beaucoup parler espagnol, les burritos sont encore bon marché....
Albuquerque, Santa Fe, puis cap à l'ouest, le long de la frontière du Colorado. Tout ça, on le fait assez vite, car il y a de la route.


On arrive ensuite au carrefour des 4 états (Colorado, Nouveau-Mexique, Arizona, Utah), the Four Corners.


On est en territoire Apache et Navajo. Les paysages deviennent de plus en plus tourmentés : canyons, pics montagneux, les prairies remplacent le désert peu a peu. Ca y est, on entre dans une autre ambiance. Et, le spectacle commence....
Tout devient gigantesque, extravagant, demesuré... Des coups de poing dans l'estomac en permanence. On s'incline devant les prouesses de la géologie de celle que les indiens appellent la Terre Mère.

On va de parc nationaux en parcs nationaux.


Premier choc, la forêt pétrifiée, en Arizona.


Y a pas que la forêt qui est pétrifiée. Des centaines d'énormes troncs devenus pierres sont repandus dans le "Desert Peint". Effectivement ce désert a des couleurs qui passent du blanc au rouge, puis au bleu et vert, si si... bref, pleins les yeux.




Puis, c'est The Grand Canyon. Malgré les images des livres et des écrans, quand on débouche là, on se demande comment son existence ne va pas être dissoute dans tant de folie d'espace. On dirait qu'il y a eu un combat de titans entre la Démesure, la Grandiloquence, la Folie... et que tout le monde a gagné. Et nous, poussières enchantées, on arpente ces millions d'années.



Des kilomètres qui marquent. On longe ensuite une vallée splendide avec vue sur les Falaises Vermillons. Elles n'ont même pas besoin du soleil couchant pour incendier le paysage.
Puis c'est Zion, le canyon aux falaises verticales et rapprochées, plus étroit. Là, on ne voudrait pas que la terre se mette à éternuer, surtout quand on est au fond.



Cap sur l'Utah en passant par Red Canyon, puis Bryce Canyon. Si on n'avait pas bien compris ce que veut dire roches-rouges-déchiquetées-aux-cent-mille-pics-érodés, là maintenant, on sait.




Bryce est sans doute le plus spectaculaire. On peut être au dessus du canyon et plonger à l'intérieur, grimper, descendre dans tous les sens, arpenter les millénaires de colère de Terre. On voudrait bien voir le film en accéléré du grabuge planétaire.



Voilà, ce furent 2 semaines sur la route, avec, chaque jour, des découvertes. 4000 km plus tard, on arrive en Californie. La fatigue, on ne lui laisse pas le temps de se manifester, on verra plus tard. On a un avion pour Vancouver prochainement.

On a aimé traverser les territoires indiens. On sent leur forte présence, même lorsqu'ils empruntent un mode de vie d'aujourd'hui. Ils imprègnent l'atmosphère d'une autre façon d'être. Un je ne sais quoi silencieux est perceptible. Quelques mots échangés parfois.
On a découvert l'origine de Kokopeli, pour ceux qui connaissent! Grâce aux pétroglyphes préhistoriques indiens, ce personnage a été identifié comme symbole de fertilité entre autres. Il est très beau, toujours courbé avec une flûte à la main. Deux exemples de pétroglyphes, mais Kokopeli n'etait pas là ce jour-là.



Et les animaux bien sûr, toujours là : chiens de prairie, biches, écureuils de toutes sortes, oiseaux superbes, bisons, lézards étonnants....


En revanche, les "Américains non natifs", ne nous ont pas souvent émerveillés. Que dire du drapeau national qui flotte partout, de la bible dans les chambres d'hôtel...
Rien.
Non-mots.
On sort de cette quinzaine un peu étourdis de ces images, et, on a une sensation étrange, comme si toute cette extravagance finissait par être un frein à la finesse. Trop grand, trop loin, trop haut, trop beau... Trop de tout. Trop....



Voilà, on est encore entiers, l'étape canadienne sera courte, et le retour en France se fera par la Corse.

On voit briller déjà le phare du Cotentin, notre terre d'accueil. Doucement, on s'approche. On se demande comment il va nous trouver, et comment nous, les nomades des Vosges et de Provence allons le reconnaitre.

A bientôt alors?

30 mai 2006

Mexique : et enfin, le Mexique

Et le Mexique vint. Suffit de traverser la mer de Cortes et, 5 heures de bateau + 7 heures de train plus tard.... vous débarquez à Creel, au pied de la Sierra Madre, dans la Barranca del Cobre (Copper Canyon).

Un train extraordinaire, le Chihuahua Pacifico, qui part de la côte pour atteindre 2300 mètres, avec des dizaines de ponts et tunnels, et les précipices qui vont avec! Autour, montagnes, déserts... Que du beau. Là, vous prenez racine 12 jours durant. Fallait bien ça pour dissiper les derniers regrets bas-californiens qui nous collaient un peu au sourire.


Ici, on est donc en montagne, une montagne spectaculaire faite de grands canyons, de défilés rocheux impressionnants. Et le climat qui va avec : il fait très froid la nuit, très chaud le jour.


Vent, poussière, cavaliers en chapeau de cow-boys sur les pistes, tribus d'indiens Tarahumara qui vivent aux alentours, dans les abris naturels des rochers ou dans des cabanes en rondins. On avait déjà vu ça, mais c'était dans les films.


Très difficile de prendre les gens en photo, que ce soit les mexicains ou les indiens, particulièrement timides. On n'a pas osé leur demander, mais on n'a pas resisté à ramener quelques clichés pris d'assez loin. C'est tellement beau.
La communaute indienne est importante. Leur culture très forte. C'est une grande découverte pour nous. Ils vivent donc en pleine nature, cultivent et viennent vendre leur artisanat en ville. On voit souvent flotter des robes aux couleurs vives au cours de nos ballades. Dans ces paysages durs de terre sèche, de falaises, de gros cailloux ronds, les jupons silencieux surgissent, les regards se baissent, un petit signe amical parfois. Intimidant.


Un peu fascinés par cet univers nouveau, on a silloné à pied, à cheval, en bus, tous les alentours.


C'est au petit musée de Creel qu'on a appris, grâce à Antonin Artaud qui est passé par là, la nature de ce peuple. On les appelle les Naturales, ils refusent le progrès, encore aujourd'hui.


Ils veulent rester autonomes, essaient de fabriquer tout ce dont ils ont besoin. Ils sont évidemment très pauvres. Comme toujours, leur culture est tres valorisée, muséifiée, leur philosophie de vie aussi, mais ils sont quand même tenus à distance. Encore une fois, la même éternelle chanson, universelle :
1) le colon arrive
2) Il chasse les peuples qui vivaient là et prend leur place,
3) Il tente de les "éduquer", les convertir, les transformer..., ou alors les élimine,
4) Plus tard, il s'intéresse aux coutumes et traditions disparues, il érige de beaux musées des arts premiers...


Le colon n'a pas l'air d'avoir conscience, que les musées, galeries, publications... sont autant d'aveux de sa préference pour la vie en vitrine, la tolérance théorique....
La croix des Tarahumaras n'est pas celle des supplices et des supplications , mais symbolise les quatre points cardinaux.
Ils célèbrent par leurs chants, leurs danses et leur musique, tout ce que la terre leur a donné : les rivières, le soleil, le vent, les arbres, etc... Ils rendent hommage à ce qui les fait vivre.
Dans le ciel des indiens ? Les nuages, les étoiles, la lune...
Dans le ciel des colons, mon colon ? Sait pas... Comme dit l'ami Souchon, "Et si en plus, il n'y a personne ?"


On quitte Creel, requinqués, un peu éprouvés par les conditions climatiques. Chaud et froid, choid et fraud. Faut dire qu'on est logés chez Lully la fofolle et son cow-boy de mari dans une maison en rondins. La petite chambre est sympa, mais Lully se fait un peu tirer l'oreille pour mettre du bois dans le fourneau le soir.
Dernière étape : Chihuahua, pour le mythe. C'est de là qu'est partie la révolution mexicaine. Une ville, devenue énorme. On est un peu surpris, mais finalement, c'est très sympa. On a suivi un peu les traces de Pancho Villa, jusque dans sa maison ouverte au public. Ambiance de sang versé, de grosses pétoires, de têtes mises à prix, de chevauchées fantastiques.
En plus, les gens sont très avenants et on passe un super moment avec Philippe et Loly, qui tiennent la Casa Chihuahua.
Il est temps de prendre le bus pour El Paso, au Texas, d'où notre périple étasunien commencera.
Au début, El Paso nous fait trébucher! Ca y est, on est dans une ville américaine, et pas la plus rigolote. On va fuir au plus vite, le temps d'organiser la suite. Ici, en pleine busherie, ça fait drôle de se dire qu'on se balade dans la rue à côté de gens peut-être dangereux. Des panneaux sur les bus et dans les magasins, demandent aux gens de ne pas entrer.... armés. Elle est pas belle la vie ?
On va plutot aller vers les terres des Indiens, très nombreux au Nouveau Mexique (Apaches, Navajo, Comanches, Zunis, Keres...). Le colon d'ici ou d'ailleurs appelle toujours joliment les peuples dont il a pris la place. C'est vrai que "Américains natifs" ça sonne bien. Mieux que si on avait choisi "Pousse-toi de là que je m'y mette".
On loue une voiture à prix d'or, on prend la route du Nord : Nouveau-Mexique, Colorado, Arizona, Utah, Californie.
Mais ça, c'est une autre histoire...